À l’occasion du festival Les Musicales de Bagatelle, Rodolphe Bruneau-Boulmier, directeur artistique de l’événement, esquisse un avenir possible pour la musique classique contemporaine. Un art en quête de visibilité, mais plus vivant que jamais.

Le parc de Bagatelle, écrin de verdure au cœur de Paris, accueille chaque printemps Les Musicales de Bagatelle. Plus qu’un simple festival, c’est un rendez-vous qui met la jeune création au premier plan, soutenu par la Fondation Banque Populaire, partenaire historique des musiciens émergents. Pour Rodolphe Bruneau-Boulmier, le choix est clair : donner à entendre la musique de notre temps, celle de compositeurs bien vivants. 

« Les compositeurs sont vivants »

« Comme dans les autres arts, il est essentiel que les compositeurs soient joués », insiste-t-il. Longtemps, la musique classique contemporaine a souffert d’une image austère, presque intimidante. « Le public était un peu intimidé », reconnaît Rodolphe Bruneau-Boulmier. Mais les lignes bougent. L’intégration de musiques électroniques, de sonorités extra-européennes ou encore de références à la variété élargit le spectre et séduit de nouveaux auditeurs.

À ses yeux, cette musique contemporaine n’est pas réservée à une élite : « Elle s’adresse à tout le monde. Il suffit d’être curieux, comme lorsqu’on va au cinéma ou qu’on ouvre un nouveau livre. » D’autant qu’elle est omniprésente, souvent sans que nous en ayons conscience : dans les salles de concert bien sûr, mais aussi dans les musiques de films, de jeux vidéo ou même de publicités.

Trouver sa voix dans un monde pluriel

Reste la question de l’identité créative. Comment se démarquer du passé, trouver sa propre voix ? « Je ne crois pas aux écoles ni aux styles », tranche-t-il. « La musique ressemble de plus en plus à son compositeur. » Dans une époque marquée par le métissage culturel, le rôle du créateur serait alors d’absorber et de synthétiser une multiplicité d’influences.

Ce dialogue constant avec l’héritage demeure néanmoins incontournable. « Il ne faut pas craindre le passé. On peut l’adapter, le réinventer, mais évitons de le copier. » L’audace, l’expérimentation et le risque sont les maîtres mots d’une écriture qui ne doit pas se figer.

La force et la fragilité d’un art exigeant

La musique classique contemporaine a pour vertu de nous entraîner vers des territoires inconnus. Mais c’est aussi là sa fragilité : « Elle souffre d’un manque de visibilité et doit affronter une société pressée, avide d’instantanéité », regrette Rodolphe Bruneau-Boulmier. La lenteur et la durée propres au temps musical semblent parfois en décalage avec une époque de zapping permanent.

Interprètes et public, moteurs de la création

Pour lui, le rôle des interprètes est crucial : « Un artiste qui ne participe pas à la création de son temps n’est pas complet. » Le renouvellement du répertoire ne passe pas par une volonté de « dépoussiérer » la musique classique, mais par la capacité à ouvrir de nouveaux chemins. Et le public, à condition de venir sans à priori, reste le meilleur partenaire de cette aventure.

Aux prémices d’un nouvel univers musical ?

À l’heure où la musique classique contemporaine se cherche encore, il voit poindre une époque charnière. « Nous sommes peut-être à la naissance d’un univers musical qui finira par être pleinement reconnu et établi. » Comme un appel à prendre le risque, aujourd’hui, d’accompagner ces explorations sonores.

Aux Musicales de Bagatelle, cette conviction prend corps. En offrant à de jeunes compositeurs et interprètes l’occasion de faire entendre leurs voix, l’évènement musical trace un sillon : celui d’une musique qui assume son passé tout en inventant son avenir. Un pari artistique et sociétal, soutenu avec force par la Fondation Banque Populaire, qui place la création vivante au cœur de sa mission.

Propos recueillis par Béatrice Prestage.

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