En pleine recherche d’un espace de production pour développer son activité de brodeuse, Youngmi Kim, lauréate de la Fondation en situation de handicap, a accepté de rencontrer plusieurs lauréats artisans d’art à Paris avant les congés d’été.

Martine Tremblay avait à cœur de convier l’artiste textile à la biennale Révélations, l’évènement français le plus prestigieux dédié à l’artisanat d’art, pour qu’elle puisse y rencontrer ses pairs. Ainsi, sous la nef du Grand Palais, Yougmi eut l’opportunité de s’émerveiller devant les remarquables pièces de très nombreux lauréats. Elle a notamment échangé avec quatre artisanes textiles qui, pour la troisième édition ensemble, cherchaient à époustoufler les visiteurs par des pièces sensationnelles et parmi elles, Morgane Baroghel-Crucq, tisserande et membre du jury Artisanat d’Art de la Fondation Banque Populaire. Yougmi, parcourant les allées, croisant son regard sur son travail et celui des différents exposants, interrogea sa capacité à participer à un tel évènement. Morgane la rassura en lui précisant que le salon avait lieu tous les deux ans, ce qui lui laisserait du temps pour présenter une pièce majeure.

C’est sans compter sur l’agenda très chargé de l’artiste brodeuse qui a réalisé une trajectoire exemplaire. Après que la Fondation Banque Populaire a choisi de la soutenir dans la structuration de son propre atelier, elle a été sélectionnée pour différentes expositions en France et au-delà : à Paris, Angers ou Berlin. Dans les prochains mois, elle se rendra même à Rome et à Miami pour y exposer ses œuvres délicates et minutieuses.

Pour approfondir les premières rencontres du mois de mai, Yougmi s’est rendue en plein été au M1D dans le 13ème arrondissement de Paris, un bâtiment de 5 étages accueillant artistes et artisans. Elle y a spécifiquement découvert l’atelier de broderie de Lucie Touré et celui de Cédric Peltier, artiste fresquiste, peintre en décor, lauréat de la Fondation en 2023 pour confronter avec eux l’acte de création aux problématiques économiques des entrepreneurs. Yougmi progresse dans le secteur artistique avec spontanéité et multiplie les candidatures à des expositions internationales en s’affranchissant du syndrome de l’imposteur et des contraintes de rythme que lui impose sa condition physique. Les lauréats artisans d’art de la Fondation ont davantage le réflexe de chercher la légitimité de référents, de faire vivre leurs ateliers grâce à des propositions sur mesure et de répondre à la demande de clients prestigieux. Yougmi qui n’avait pas eu à élaborer une solide stratégie d’entreprise jusqu’à présent, ces discussions avec les autres professionnels des métiers d’art agissent en elle comme une prise de conscience de ces enjeux. Elle vit encore les prémices de son parcours avec facilité et commence à envisager de produire des échantillons pour séduire ses futurs clients.

À chaque nouvel échange, une question sourde transparaît : Faut-il prendre sa place au milieu des autres ou attendre que les autres vous la donnent ? En même temps que la lauréate interroge la viabilité de son atelier en participant à des salons qui lui apportent avant tout de la visibilité, les artistes reconnus qu’elles a croisés ces dernières semaines voient en elle un modèle qui s’est émancipé de la commande pour créer librement.

Depuis ce dernier rendez-vous, Yougmi s’est installée dans un atelier à Saint-Ouen, en petite couronne. De quoi asseoir un peu plus sa légitimité en ouvrant ce lieu de création à de futures collaborations !

Avec la participation de Sandra Furlan. Photos Béatrice Prestage.

Retour sur les deux précédentes rencontres : #1#2

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